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Page:Journal asiatique, série 10, tome 18.djvu/567

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UN TRAITÉ MANICHÉEN RETROUVÉ EN CHINE.

Or il arriva que les enfants religieux vaillants du Vent pur merveilleux[1] qui est une colombe blanche[2], et les fils du grand Saint[3] entrèrent dans cette ville ; ils regardèrent des quatre côtés et ne virent que de la fumée et des nuages qui tout autour protégeaient les innombrables quartiers tortueux [de la ville impure]. Quand ils eurent vu cela de loin, ils continuèrent à avancer progressivement et arrivèrent au sommet du rempart [de la ville] ; regardant de loin droit en bas[4], ils aperçurent sept perles précieuses ; chacune de ces perles précieuses prise isolément a une valeur inestimable ; toutes étaient recouvertes de souillures diverses qui s’enroulaient au-dessus d’elles et les recouvraient.

Alors l’Envoyé de la Lumière bienfaisante choisit une terre grasse et fertile et y sema sa propre semence sans supérieure de lumière ; en outre, il enleva de ses propres membres les modèles, si bien que tous les joyaux surabondèrent pour lui-

  1. Le texte a fautivement [texte chinois] tcheng au lieu de [texte chinois] wei.
  2. Cette assimilation du Vent pur à une colombe est une nouvelle preuve de son identité avec le Saint-Esprit. La 41e épître de Mâni était intitulée « sur la Colombe » (cf. Flügel, Mani, p. 104). Flügel a songé (p. 377) à la colombe que le Buddha, dans une existence antérieure, a sauvée en donnant sa propre chair, ou aux colombes sacrées d’Istar-Sémiramis ; Kessler, (Mani, p. 299) s’est prononcé pour la seconde hypothèse. Ne s’agirait-il pas tout simplement de la colombe du Saint-Esprit ? Dans les Acta Archelai (chap. 59, p. 86), on trouve une discussion au cours de laquelle Manès déclare que Jésus n’est pas plus un homme véritable que le Saint-Esprit n’est une colombe véritable. Le symbole qui représentait le Saint-Esprit par une colombe était donc bien connu des manichéens.
  3. [texte chinois] Notre traduction est hypothétique. On pourrait aussi songer à considérer les deux termes au singulier, et à voir dans le second une apposition du premier. En ce cas, il s’agirait uniquement de l’Envoyé de la Lumière bienfaisante qui reparaît au paragraphe suivant. Le « grand Saint » paraît être le Père de la Grandeur (cf. infra, p. 586, n. 2).
  4. Nous comprenons que les personnages [ou le personnage] en question sont arrivés au sommet de la muraille d’enceinte très élevée, et regardent en bas à l’intérieur de la ville. On se rappellera que la fumée et le brouillard sont au nombre des « membres » du démon.