joie et n’estiment pas qu’elles soient vexatoires ; ils ne font pas non plus de fausses démonstrations en disant : « Les saints ont établi provisoirement ces règles » ; ni ne citent à tort les livres saints et les traités doctrinaux[1] pour dire que ceux qui, comprenant la seconde révélation, cherchent la délivrance[2], n’ont pas à observer ces défenses. 3o Ils étudient uniquement la loi correcte[3] et pure de leur propre secte et ils ne recherchent pas les diverses doctrines hérétiques et funestes. 4o Leur cœur est toujours humble[4] ; dans leurs rapports avec ceux qui étudient comme eux, ils ne haïssent pas ceux qui leur sont supérieurs. 5o S’ils sont dans une condition inférieure[5], ils ne
- ↑ [texte chinois] king-louen. Dans le bouddhisme, ces mots désignent les sūtra et les çāstra.
- ↑ [texte chinois]. Notre traduction de cette phrase obscure est hypothétique.
- ↑ Le texte a pour [texte chinois] tcheng une forme anormale.
- ↑ Les manichéens se faisaient une règle d’un extérieur humble et affable. Cf. ce que dit saint Augustin (De duabus animabus, chap. 9, éd. Migne, p. 102) : « Sed me duo quaedam maxime, quae incantam illam aetatem facile capiunt, per admirabiles [ou amicabiles] attrivere circuitus ; quorum est unum familiaritas, nescio quomodo repens quadam imagine bonitalis, tanquam sinuosum aliquod vinculum multipliciter collo involutum. » Et encore (Contra Faustum, l. 5, chap. 1, éd. Migne, col. 219) : « Faustus dixit… : “Vides pauperem, vides mitem, vides pacificura, puro corde, lugentem, esurientem, sitientem, persecutiones et odia sustinentem propter justitiam ; et dubitas utrum accipiam Evangelium ?” »
- ↑ Nous avons supprimé dans notre traduction le mot [texte chinois] pa wei visiblement interpolé.
collation le matin. L’unique repas par jour a été aussi remarqué par les Chinois comme une des caractéristiques de la religion manichéenne, car il faut décidément traduire [texte chinois] par « ils ne manquent que le soir » dans le texte du Sin t’ang chou étudié dans le Journal asiatique de janvier-février 1897 (Chavannes, Le nestorianisme, p. 68), et sur lequel nous reviendrons dans la deuxième partie du présent travail. La coutume manichéenne devait paraître d’autant plus singulière que les religieux bouddhistes ne devaient bien, eux aussi, faire qu’un repas par jour, mais qu’il leur était défendu de le prendre après midi (cf. par exemple Kern, Hist. du bouddhisme, II, 17). Notre texte permet de voir que la règle stricte de Mâni qui défendait à ses adeptes de rien posséder n’était plus acceptée sans difficultés.