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Page:Journal asiatique, série 10, tome 2.djvu/385

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DOGMATIQUE BOUDDHIQUE.

On verra en effet que le principe du karmaphala et le concept du vijñānasaṁtāna ne supportent pas l’assaut de la dialectique nouvelle, subtile et aveugle ; s’ils s’harmonisent, tant bien que mal, avec la métaphysique des Suttantas (kṣaṇikatva, nairātmya), ils sont incompatibles avec la doctrine profonde (paramagambhīra) des partisans de la vacuité (çūnyatāvādin). Ils sont exclus du paramārtha, du domaine de la réalité (tattva) ; et dès lors les vérités de la

    tiné à introduire le fidèle dans le premier enseignement (ābhiprāyikî deçanā) (pudgala, etc.].

    Tout autre la position du problème chez les Mādhyamikas :

    1o Le paramārthasatya, qui seul est absolument vrai, est la négation de l’expérience, la Vacuité.

    2o Le saṁvṛtisatya, ou vérité conforme aux données de l’expérience, est vrai, non seulement parce qu’il est indispensable à la conquête du paramārthasatya, mais encore parce qu’il correspond à une donnée objective.

    Le saṁvṛtisatya des Mādhyamikas, sauf des détails, coïncide avec le paramārthasatya du Petit Véhicule.

    3o Le parikalpita, hypothèse inexacte sur les données de l’expérience, correspond à ce que le Petit Véhicule appelle saṁvṛta.

    Remarquons toutefois que l’École distingue deux saṁvṛtis : 1o Les données de l’expérience sont interprétées correctement : les lois et la nature des apparences telles que les connaît le sage, le Yogin, c’est la yogisaṁvṛti. Ce terme couvre exactement la notion du saṁvṛtisatya ; 2o Le monde (loka) reconnaît des lois qui sont vraies (celle de la causalité par exemple), en méconnaît d’autres (celle de la momentanéité, de la douleur, de l’impureté), suppose des êtres pleinement imaginaires (ātman, īçvara, prakrti au sens des Sāmkhyas), C’est la lokasaṁvṛti qui, en général, est fausse (mithyā) au point de vue de la saṁvṛti des Yogins ; celle-ci étant fausse au point de vue de la vérité vraie. On distingue divers degrés parmi les Yogins, d’où de nouvelles distinctions que nous pouvons, pour le moment du moins, ignorer (Bodhicaryāv., ix, 4). — Voir ci-dessous paragraphe iii et p. 394, n. 2.