tient à un complexe (sâmagri) de causes**1. Les sâmagris sont diverses au même moment chez Je soi-disant individu ; c’est ce qui explique la simultanéité de ce qu’on appelle à tort des actes. L’idée d’un sixième sens [mana-indriya], où se concentreraient et se répercuteraient les visions, les contacts, etc., est une idée inexacte.
Loin d’être des agents et d’accomplir des actes, loin d’être réalisés en eux-mêmes (parinispannâvastha), les dharmas sont des actions (kriya), à un autre point de vue des puissances (çakti). Leur existence (bhûti), leur devenir infinitésimal, car ils n’ont point de durée, c’est d’être l’action des dharmas dont ils résultent et la puissance des dharmas dont ils sont coefficients**2.
1 Madh. vrtti, ad il, 6 : çaktir hi kârako na dravyam, kriyâbhedâc ca tatsâdhanasyâpi çakter siddha eva bhedah... draiyam ekam iti cet ; bhavatv (varii, na tu dravyam kârakah, kim tarhi çaktih, sa ca bhidyate.
2
ksanikâh sarvasam̃skârâ : asthirânâm kutah kriyû ?
bhûtir yaisâih kriyâ saiva, kârakarh saiva cocyate.
Stance citée d’après le « sûtra » dans Nyâyabindupûrvapaksa (Mdo XCI, fol. 118 b) et dans Bodhicaryâv. p. ix, 6 ; la première ligne dans Tantravâvtika, 170. 10 ; la seconde Bhâmatï, 36 1. 3, Vedântakalpataru, 278. 9, Upadcçasàhasrï, 369. (Voir Çariikara, ad 11, 2, 20.) D’après Upadeças., bhûti = anubhùti ; = utpatti d’après Vedântak. ; mais la glose de Çamkara, qui appelle la citation de notre stance, à savoir bhâva evâsya vyâpâra ity abkiprâyah, justifie l’équivalence : bhûti = existence ; vyâpâra correspond à kârakam, à çakti. — Çamkara établit que les phénomènes momentanés ne peuvent jouer le rôle que les bouddhistes leur attribuent. C’est tout à fait l’avis des Mâdhyamikas, comme le montre notre stance : asthirânâih kutah kriyâ ? (Voir p. 378. 3.) — Voir la définition du bhâva (Bodhicaryâv., ix, 29) : çaktir hi bhâvalaksanam, et p. 381, n. 4.