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Page:Journal asiatique, série 10, tome 5.djvu/13

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LES LIVRES CHINOIS AVANT LE PAPIER.

littéralement « une natte de bourre de soie ». Cette explication énigmatique à besoin d’être éclaircie : de nos jours encore[1], les formes dont on se sert en Chine pour lever les feuilles de papier sont constituées par une fine natte de bambou montée sur un cadre en bois ; on plonge cette forme dans la cuve pleine de pâte de papier ; en la retirant, on ramène une certaine quantité de pâte qui se dépose sur toute la surface de la natte et donne en se desséchant une feuille de papier. Le Chouo wen fait allusion à un procédé analogue ; en effet, tandis qu’il définit le tche comme étant « une natte de bourre de soie », c’est-à-dire ce qui se dépose de bourre de soie sur la natte qui tient lieu de forme, il définit le mot [texte chinois] « natte » de la manière suivante : « une natte pour épurer la bourre de soie » (n° VI) [texte chinois], et il donne encore du mot [texte chinois] « épurer » la définition : « l’acte de battre de la bourre de soie dans l’eau » (n° VII) [texte chinois]. Ainsi, on battait dans l’eau la bourre de cocons de soie pour la désagréger, pour la réduire en pâte, et pour en éliminer les parties grossières qui venaient flotter à la surface de l’eau ; on prenait ensuite une natte afin de recueillir la bourre de soie épurée qui se déposait à la surface pour produire après dessication une feuille de papier. Touan Yu-ts’ai [texte chinois] (1735-1806), dans son commentaire du Chouo wen, au mot [texte chinois][2], dit :

  1. Cf. St. Julien et P. Champion, op. cit., p. 143.
  2. Chap. XIII, a, p. 33 r° et v° du Chono wen de Touan Ya-ts’ai, édition de 1889.