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Page:Journal asiatique, série 10, tome 5.djvu/263

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LA PRÉTENDUE CHRONIQUE DE MARIBAS.

Le § 83 est ainsi conçu : « Les Latins (ܐܠܠܐܬܝܢ) commencèrent à faire des tableaux et des sculptures sur les murs pour les faire voir ; ensuite, ils se mirent à les adorer » ; si on l’envisage dans son contexte, entre les §§ 84 et 86, il est de toute évidence que nous avons ici une déformation intentionnelle d’un texte de Théodoret, cité par Michel à la même place. Pour ma part, je ne puis m’expliquer cette déformation d’un passage très clair, sans supposer chez l’auteur l’intention de faire allusion aux querelles des Iconoclastes.

À ces arguments qui paraissent assez convaincants, je puis ajouter encore les observations suivantes :

Le ms. qui contient la prétendue Chronique de Maribas a été écrit en 1889, par un moine jacobite nommé ‘Abd al-Aziz, à Mossoul (cf. la clausule du ms. syr. no 312). Or, le ms. de Londres contenant la version en caršouni de la Chronique de Michel a été acheté à Mossoul, en 1890, par M. Budge[1]. ‘Abd al-Aziz a donc pu facilement l’avoir, et, de fait, l’a eu entre les mains. Lui-même nous en fournit les preuves. Dans le ms. 306 de Paris, immédiatement avant le texte attribué à Maribas, au folio 70 vo, il donne un extrait de 15 lignes qui débute ainsi : ܬܐܪܝܟ ܡܢ ܡܟܬܒ ܙܒܢ̈ܐ ܐܠܕܝ ܠܒܛܕܝܟ

  1. M. Nau a imprimé dans le Journ. as., 1896, II, p. 527, n. 2, que M. Bruno Meissner avait publié une liste des patriarches jacobites d’après le ms. de Londres, dans la Wiener Zeistschr. für die Kunde des Morg., de 1884 ; mais c’est inexact, il faut lire 1894.