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Page:Journal asiatique, série 2, tome 1.djvu/437

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degré de culture. Des lois positives, fondées sur l’euphonie naturelle, déterminent leurs mutations réciproques, et établissent un parfait accord entre l’orthographe et la prononciation. Si aux articulations exprimées en sanscrit nous comparons, lettre pour lettre et valeur pour valeur, les principaux alphabets européens, nous trouverons dix sons de moins dans la langue russe, douze dans la langue grecque, quinze dans la langue allemande, et dix-huit dans la langue latine ; par-tout nous croirons apercevoir les débris d’un grand édifice dont l’ensemble ne subsiste qu’aux bords du Gange.

Le mécanisme de la formation des mots, si complexe, si embarrassé dans presque toutes les langues, excepté l’allemand, se montre, en sanscrit, à découvert, et comme dans sa simplicité primitive. Les grammairiens indiens, en analysant tous leurs mots, en ont extrait les racines fondamentales, au nombre d’environ quinze cents, et en ont formé un vocabulaire étymologique qui, quoique fort imparfait comme tous les ouvrages humains, est cependant un document de la plus haute importance, puisque, sur ces quinze cents monosyllabes, près de mille se retrouvent dans les langues européennes, dont ils constituent les élémens avec des significations exactement semblables. Les verbes, formés immédiatement des radicaux, sont modifiés par des préfixes ou prépositions qu’on y adjoint, et ces prépositions, au nombre de vingt, se reconnaissent, mot pour mot et presque lettre pour lettre, dans les prépositions grecques, latines, alle-