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Pour déterminer avec exactitude les sources dont ces ouvrages sont dérivés, il faudrait étudier longuement et soigneusement leur contenu ; cependant leur caractère général et les traditions locales donnent lieu de présumer, avec quelque vraisemblance, que le Bhot ou Tubet a reçu sa littérature et ses caractères de l’Inde, par l’intermédiaire des missionnaires bouddhistes ou réfugiés de l’Hindoustan. Ces hommes apportèrent avec eux et se procurèrent subséquemment de l’Inde, beaucoup de livres sacrés et profanes de leur secte, et d’après leur vocation, commencèrent aussitôt à enseigner aux habitans du Bhot, leur langue et ses caractères, c’est-à-dire le sanscrit. Sans doute, durant la première période de leur émigration dans le Bhot, leurs travaux furent couronnés par le succès ; mais plus tard les difficultés du sanscrit et les leçons données par les indigènes qui avaient succédé aux Hindous, firent accorder la préférence aux Tubétains, et par conséquent tous les ouvrages sanscrits que l’on possédait furent traduits dans la langue vulgaire du pays. Cet emploi des traductions eut lieu de bonne heure ; circonstance qui, aidée par le laps de temps et le déclin continuel de l’ardeur littéraire inspirée par les réfugiés indiens, produisit, à une époque peu éloignée de la mort de ces premiers instituteurs, l’oubli du sanscrit, et fit abandonner totalement les livres originaux écrits dans cette langue, pour les traductions en bhotiya. Toutefois, quoique les Tubétains eussent ainsi perdu de bonne heure l’usage de la langue sanscrite, ils continuèrent à se servir des caractères dévanagari.

(La suite au prochain numéro.)