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et dont il se servit pour terrasser les troubles qui avaient éclaté de toutes parts ; le prévôt Zulfikar avoua qu’à Constantinople même il avait noyé, d’après les ordres de Mohammed Köprili, plus de 4000 hommes, et l’on porte le nombre total des personnes exécutées à 30,000. Il envoya le caimacan de Constantinople, Ismaïl pacha, en qualité d’inquisiteur (مغتّش) en Asie, et celui-ci suivit à la lettre les ordres sanglans dont il était chargé. En 1660, Constantinople fut ravagée par un effroyable incendie qui fit périr 40,000 hommes et détruisit 280,000 maisons (p. 83). L’année suivante, le grand visir mourut ; sur son lit de mort il recom­manda au sultan de ne jamais prêter l’oreille aux femmes, de ne pas souffrir de fortunes colossales parmi ses sujets, de remplir le trésor par tous les moyens possibles, et de tenir toujours ses troupes en haleine (p. 88).

Son fils, Köprilizadeh Ahmed pacha, qui lui succéda dans sa dignité, doué d’une fermeté égale avec des vues plus étendues, se servit de moyens moins violens. Il perdit à la vérité la bataille de S. Gotthard, sur la frontière de la Hongrie et de la Stirie (le 1.er août 1664), contre Montecuccoli, mais la paix de Vasvar, conclue dix jours après, était plus avantageuse pour la Porte que pour l’Autriche. Morosini, après s’être vaillamment défendu, fut obligé de livrer Candie le 3 octobre 1669, et vers le même temps les Cosaques de l’Ukraine, en guerre avec la Pologne, se mirent sous la protection ottomane ; la guerre contre la Pologne fut heureuse ; le boulevart de ce pays, la forteresse de Caminiec fut prise le 27 août 1672 et bientôt après la paix