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Page:Journal asiatique, série 2, tome 8.djvu/544

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sentent Roudra avec cinq visages ; les autres enfin ont six faces représentant le fils de Siva nommé Chouppramanayar[1] qui avait six visages. Tous les Roudracham de plusieurs faces ont la vertu de sauver, à ce qu’ils disent, infailliblement ceux qui les portent. Il faut encore distinguer deux sortes de chapelets, les uns sont tous composés de Roudracham ; et ceux-là sont plus vénérables et plus chers ; les autres n’ont qu’un grain de Roudracham à la tête, et tous les autres grains sont de coco ou de bois auquel on fait autant de faces qu’il y en a sur le premier grain qui est à la tête du chapelet ; le chapelet s’appelle aussi Roudracham ; il a été institué pour ceux qui ne trouvent pas ou qui n’ont pas le moyen d’acheter de véritables Roudracham.

Il y a une autre espèce de chapelet que l’on nomme Patracham[2], dont l’institution ne se trouve dans aucun de leurs livres ; les Gentils avouent même que ce Patracham n’a point la vertu d’effacer les péchés : cependant il s’en trouve qui le portent, mais ce ne sont que les personnes les plus viles. Tous les Gentils qui sont de caste un peu honorable n’en font aucun cas, et croiraient se déshonorer s’ils le portaient. Il est composé d’un autre fruit particulier[3].

  1. Altération tamoule de सुब्रह्नण्य Kartikeya.
  2. Patracham me paraît être l’altération tamoule de भद्राक्षं œil de Bhadra ou Siva. Il est remarquable que Siva, sous le nom de Roudra, soit bien supérieur à Siva, sous le nom de Bhadra.
  3. Les Jésuites auraient grand tort de dire que le Roudracham des Chrétiens du Maduré et des autres pays Malabars ne sont semblables à ceux des Gentils. Les Chrétiens, qui sont encore aussi jaloux de leurs castes que les Gentils, voudraient-ils porter encore un chapelet que tout ie monde méprise et qui les déshonorerait et les ferait passer pour être de basse caste ? Il y a même quelque temps qu’un Chrétien de Pondichéry emprunta le Roudracham d’un Gentil pour la solennité de son mariage. Les PP. qui ont vu un véritable Roudracham au cou de ce Chrétien, n’en ont point été formalisés. (Note de l’auteur du manuscrit.)