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Page:Journal asiatique, série 4, tome 15-16.djvu/1070

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la retraite du grand maître de la doctrine ? Oh, que je suis malheureux ! que je suis malheureux ! » Toutefois, il se remit en marche ; mais ; à peine eut-il fait quarante à cinquante pas que, épuisé déjà et manquant d’haleine, il fat contraint de se reposer derrière un bouquet de grands arbres. Tout à coup un tourbillon de vent s’éleva de l’antre de la montagne ; un instant après, il entendit les cris des bêtes féroces qui retentissaient comme le bruit du tonnerre et aperçut un tigre qui accourait vers lui. Ce tigre avait une belle crinière, la face blanche, les yeux hagards, étincelants. Hong, le Taï-oueï, fut saisi de frayeur et cria a-ya ! Il tomba la face contre terre. Le tigré fixa les yeux sur lui, fureta à droite, à gauche, grinça des dents, se mit à rugir et, après s’être couché sur l’herbe, sauta au bas de la colline et disparut. Hong, le Taï-oueï, qui n’avait pas quitté les racines des arbres, était si effrayé que ses dents claquaient, s’entre-choquaient ; le cœur lui bondissait dans la poitrine ; son corps ne pouvait se comparer qu’à un arbrisseau que le vent agite, et ses jambes ressemblaient véritablement à celles d’un coq, qui revient d’un combat, après avoir été battu. Aussi ne cessait-il d’exhaler des plaintes. Au bout de quelques instants, son cœur