Aller au contenu

Page:Journal asiatique, série 6, tome 5-6.djvu/1115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
535
DU BUDDHISME DANS LE KASHMIR.

para de l’esprit d’Açôka qui, ayant, à ce qu’il paraît, plus de zèle que de lumières, ne savait pas distinguer un bon religieux d’un mauvais, tellement que ce roi si juste, Dharma-Açôka, voulut faire périr et noyer dans le Gange cinq cents religieux et cinq cents arhats[1]. Les arhats s’enfuirent à travers les airs et se rendirent dans le Kashmir. Açôka, revenu de ses projets criminels, les rappela près de lui ; mais ils refusèrent de se rendre à son appel, et le roi, bâtissant pour eux cinq cents couvents, donna tout ce royaume aux religieux. Cette légende reproduit quelques-uns des traits de celle de Madhyântika ; elle rappelle, quoique de plus loin, ce que les buddhistes disent communément du schisme provoqué par Mahâdêva. Ce Mahâdêva, contemporain d’Açôka, est-il le même que celui que d’autres documents plus dignes de foi, selon toutes les apparences, font vivre cent ans après lui ? Je l’ignore ; il est seulement digne de remarque que Mahâdêva est cité par le Mahâvanso comme un des contemporains et même des missionnaires d’Açôka. Son nom vient immédiatement après celui de Majjhantiko, et il fut envoyé, dit le texte pâli, dans le Mahisamandala, contrée dont la situation n’est pas bien déterminée.

Il serait sans doute possible de ramener à l’unité

  1. On ne voit pas bien si ces cinq cents arhats représentent l’assemblée des disciples ou des amis de Madhyântika, qui étaient réellement au nombre de cinq cents arhats. Si l’auteur chinois veut dire que Mahâdêva provoqua l’expulsion de Madhyântika (et il a l’air de le donner à entendre), Mahâdêva aurait joué à peu près le rôle que Çânavâsika paraît avoir joué d’après le récit de Târânâtha.