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NOUVELLES ET MÉLANGES.

les Sémites de la Mésopotamie antérieurement à la domination des Achéménides. La race belliqueuse des Amardes ou Mardes, qui occupait depuis les époques préhistoriques toute la chaîne du Zagros, de la Susiane jusqu’aux bords de la mer Caspienne, formait cette barrière de séparation qui n’a été franchie qu’au moment où la branche aînée d’Achéménès remplaça l’ancienne dynastie susienne extirpée par Assurbanipal, vers la fin du viie siècle. Pour contrebalancer le résultat de ces faits historiques avérés, il nous faut des preuves plus convaincantes que le simple sentiment des Aryanistes, pour lesquels le mot « védique » implique nécessairement l’idée de l’antiquité la plus reculée. Dans notre cas particulier, nous sommes même en état de prouver le contraire de cette supposition, car la série des incantations contre la fièvre maligne dite takman, dont le morceau A. V., I, 25, fait partie, présente des noms ethniques très tardifs, entre autres le nom de Valhika pour la Bactriane, ce qui constitue une forme plus usée que le Bakhdi zend et ne pouvant, en aucun cas, être antérieure au premier siècle de l’ère chrétienne. Je crois que ces considérations ne manquent pas d’un certain poids.

Je passe maintenant à ma propre tentative d’explication, que je donne naturellement à titre d’une simple conjecture. Autant que je vois dans l’excellente traduction de M. Henry, l’incantation dont il s’agit est un exorcisme théogonique. Le génie Takman est un dieu qui a son origine dans les eaux brûlées par la pénétration d’Agni ; il est flamme ou chaleur née des copeaux enflammés (les nuages traversés par l’éclair ?), accessible à la pitié et sensible aux hommages qu’on lui rend. Le poète n’hésite même pas à lui donner le titre de « enfant du roi Varuṇa » ; mais l’intérêt principal du morceau réside dans l’invocation : « Tu t’appelles Hrûḍu, ô dieu du jaune ! » À la date récente où ce texte nous place, le nom sémitique de l’or ne pouvait arriver dans l’Inde que sous la forme araméenne ; mais, en araméen, l’« or » se dit dahba (דהבא) et non חָרוּץ. Maintenant, étant donné que le grec χρυσός ne rend