Page:Journal asiatique, série 9, tome 20.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
14
JUILLET-AOÛT 1902.


ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL.


LES NOMS DE NOMBRE DANS LES DIALECTES DE L’HIMALAYA.

La plupart des dialectes parlés dans les gorges de l’Himalaya appartiennent visiblement à la même souche que le Tibétain, le Chinois, le Barman et le Siamois ou Thaï, mais se signalent d’ordinaire par leur caractère d’archaïsme ; Ils conservent souvent à peu près intactes les syllabes préfixes, lesquelles, dans les idiomes congénères, tendent ou à disparaître complètement ou à se fondre avec l’élément radical. Ainsi « trois » qui se dit ka-sam (sam radical) en Gyarung devient, par voie d’élision, gsoum dans l’idiome du Tibet.

Un fait très important à notre avis à signaler, c’est que si l’on compare les lexiques de ces patois himalayens à ceux des dialectes dits Dioscuriens et parlés dans les vallées du Caucase, on rencontre entre eux des affinités du même genre que celles qui se manifestent par exemple entre les lexiques des dialectes aryens d’Europe et ceux des peuples indo-iraniens.

Une foule de termes les plus usuels se ressemblent dune manière frappante et leur similitude ne parait guère se pouvoir expliquer par le seul hasard. Bornons-nous à quelques exemples, if nous eût été facile de les multiplier.

« Tête », Cyami (dialecte de la Chine occidentale), thaou ; — Chinois (Cantonais et Mandarin), théou, téou ; — Géorgien, thawi.

« Nez », Kassia (dial. l’Assam), ka-koumouï (ka préfixe) ; — Aware, komog ; — Amtsoukh, koumoug.

« Narines », Chinois (Mandarin), pi et ( SinoJaponais ), fi ; — Tchérkesse, peh, feh ; — Absné, pintsa.

« Bouche », Thaï ou Siamois, pak ; — • Touchi, bak ; — Tchétchenze, bagga.

« Gueule, bouche », Barman, parât ; — Géorgien, piri. Peut-être faut-il en rapprocher l’Arménien piéran.