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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/144

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

161Mû par la volonté divine, il vint à Ošnou[1] ; il y bâtit une magnifique église pour le service du culte.

Il lui acheta des vignes, des champs et des moulins suffisants pour les disciples et leur subsistance.

Au-dessus d’Ošnou se trouvait le fleuve rapide du Zi‘a, qui chaque année faisait périr les gens par son inondation.

Ce fleuve débordait fortement à l’instar d’un déluge ; et il n’y avait ni gué ni pont pour le traverser.

Notre Père eut pitié des hommes qu’il submergeait et faisait périr : la Providence l’engagea à faire construire un pont.

171Il était très pauvre et se demandait anxieusement : « Avec quoi commencerai-je ? » car il n’avait

  1. Ošnou, que les Chaldéens appellent aujourd’hui Oušnouq, est une ville du Turkestan persan à 58 kil. S. S. O. d’Ourmiah. — Voici les circonstances qui amenèrent le Catholique dans cette ville ; En 1268, Denḥa avait fait arrêter un Nestorien de Tagrit qui s’était fait musulman et l’avait menacé de le noyer dans le Tigre. Le peuple s’irrita, en appela à ’Ali ed-Dîn, gouverneur civil de la ville, qui demanda le relâchement de l’apostat. Sur le refus du Catholique, la population attaqua sa demeure, en brûla les portes et chercha à le tuer. Il se réfugia chez ’Ali ed-Dîn et porta ses plaintes à la cour mongole, mais personne ne l’accueillit et il se retira à Arbèle. C’est à cette occasion qu’il fit bâtir l’église de la citadelle qui fut détruite par les Arabes en 1310. — Voir Bar Hébréus, Chron. syr., éd. Bedjan, p. 525 ; — Hist. de Mar Jahalaha III, p. 153-177. Bientôt après, en 1271, quelques Bédouins ayant tenté d’assassiner ’Ali ed-Dîn, les mahométans déclarèrent que l’attentat avait été commis par des chrétiens émissaires de Denḥa. Tout le clergé de Bagdad fut emprisonné. Koutbouka, gouverneur d’Arbèle, se saisit du Catholique et des évêques qui étaient avec lui. Relâché par ordre de la cour, Denḥa se réfugia à Ošnou, où il fixa son siège (Bar Hébr., Chron. syr., éd. Bruns, p. 571-573).