Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
336
MARS-AVRIL 1895.

la politique ; le caractère des Phéniciens et la vie adoptée par eux, enfin la législation biblique et les écrits prophétiques prouvent suffisamment cet esprit ; mais le fait invoqué ne le prouve pas. Il est inutile de faire intervenir ici aucune idée supérieure ; il est tout à fait logique que Nergal règne au royaume des morts sur ceux qu’il y a envoyés ; grand destructeur par masses, amonceleur de cadavres, il est le roi des demeures funèbres, auxquelles il fournit une proie incessante.

Nergal étant donc dieu des morts et dieu de la mort sous toutes ses formes, Mars, son astre, participe de sa nature. La planète elle-même est métaphoriquement nommée (ii, R. 48, 53 a b, et v, R. 31, n° 3, 13-14) : « Karradu guerrier ».

La couleur rouge n’a pas été pour peu dans l’association de la planète Mars et du dieu Nergal. C’est sur ces données chaldéennes que le Talmud, consciemment ou non, a fondé ce qu’il dit de l’influence astrologique de Mars.

Encore quelques mots sur les noms et l’ordre talmudique de ces astres. On remarquera d’abord que le Talmud ne maintient pour les astres aucun des noms propres en usage chez les Chaldéens, auxquels il emprunte cependant toute la matière même de ces conceptions astrologiques. Les Juifs auraient très bien pu faire passer dans leur langue les noms de Dilbat-Ištar, Nabu, Ninib, Marduk, Nergal, que les Mandéens, Syriens, Arabes ont adoptés pour la plupart et que les Grecs ont rendus par des noms