Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/75

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
67
LE CHADDANTA-JÂTAKA.

mande à son époux des défenses d’éléphant pour s’en faire un lit, sans parler d’un éléphant spécial qu’elle aurait en vue. Le roi fait aussitôt appel aux chasseurs et promet cent onces d’or à celui qui lui rapportera l’objet demandé. Un d’eux accepte.

Cet épisode a, dans la deuxième, une ampleur qui contraste avec le laconisme, la sécheresse, on peut même dire l’insuffisance de la première.

L’épouse royale a vu en songe un éléphant à six défenses ; et il lui faut ces défenses pour se faire une « agrafe à huit joyaux » (pey-pa-yu) ; sinon, elle mourra de dépit. Le roi dit qu’elle ne mourra pas pour cela.

— « Si ! répond-elle. » — Et cette petite altercation conjugale fait rire les assistants. Mais le roi est obligé de prendre la chose au sérieux et fait délibérer ses ministres. L’un nie l’existence de l’éléphant, un autre la réalité du songe, un troisième objecte la distance à laquelle se trouve cet éléphant, s’il existe ; un quatrième dit que, si on le prend, il regagnera son logis à travers les airs. Finalement les quatre ministres convoquent les chasseurs des quatre régions et les questionnent. Le maître chasseur de la région méridionale déclare que feu son père lui avait toujours dit que cet éléphant existe, mais demeure fort loin. Les ministres s’empressent d’avertir le roi qui présente le chasseur à la reine. Elle lui donne tous les renseignements nécessaires et termine en lui recommandant de percer l’éléphant de ses flèches, de le dépecer, de prendre les défenses et de lui en rapporter à elle-même une longueur de « deux pouces ».