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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/33

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aussi-tôt à l’auberge pour me chauffer : mes bottes étaient si humides que j’eus des peines infinies à les ôter pour chausser une paire de sabots. J’étais mouillé jusqu’à la ceinture, et placé devant un feu des plus ardens ; sept ou huit volailles tournaient à la broche et se brûlaient plus qu’elles ne se cuisaient. Un immense cuvier, rempli de linge, laissait exhaler une vapeur insoutenable, qui était corrigée par une fumée épaisse qui sortait de dessous le manteau de la cheminée ; les parois, les meubles, la vaisselle de cette étroite cuisine, ont la couleur d’un vieux chapeau.

La maîtresse de l’auberge accouchait dans une chambre voisine : j’étais obligé de me déranger à chaque instant, afin de laisser passer la sage-femme, la garde-malade, le mari, les enfans, les amies, les commères, etc. qui portaient des secours et me disaient