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Page:Journal d'un voyage de Genève à Paris en 1791.djvu/74

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pluie entrent de toutes parts : nous regrettâmes, avec raison, celle qui nous avait amené à Dijon.

Lorsqu’il fut jour, mon ami continua la lecture du charmant roman de Paul et Virginie, qui depuis deux jours, calmait l’ennui de notre voyage. Oh ! sensible abbé de St. Pierre, que cette lecture remplit mon cœur d’émotion ! Que les tourmens de ces deux infortunées mères et de leurs intéressans enfans, me firent verser de larmes. Vous pleurâtes aussi, femme charmante, sur le sort du malheureux Paul, après la perte de son amante !

Que le romancier a d’empire sur les ames sensibles, lorsqu’il prend dans la nature les tableaux qu’il veut peindre ! L’on plaît toujours aux hommes lorsqu’on parle à leurs cœurs, que l’on n’emploie que les images et des expressions qui conviennent à la simplicité du sujet qu’on s’est proposé de