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Page:Journal d’un bourgeois de Paris 1405-1449.djvu/275

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avec lui ung frere meneur, nommé le Petit Jacobin, lequel par le commandement de l’evesque list là une belle predicacion, en excommuniant tous ceulx et celles qui ce faisoient et qui avoient creu et monstre leurs mains[1]. Et convint qu’ilz s’en allassent, et se partirent le jour de Nostre-Dame en septembre, et s’en allèrent vers Pontoise.


469. Item, le vendredy v* jour de septembre l’an milnri^ xxvir, fut levé le siège par [les gens de] cellui qui se dit dalphin, qui estoit devant Montargis^. Et furent les Angloys moult grevez, car trop se tioient en leur force, et furent trouvez desarmez de leurs ennemys, qui bien en tuèrent vi<^ ou plus, que marchans de vivre que hommes d’armes, et leur convint laisser le siège au droit temps que on cueult les biens.

470. Item, en cel an faisoit aussi grant chault à la Sainct Remy ou près 3 qu’il avoit fait à la Sainct Jehan, car en cel an ne fist pas plus d’ung moys d’esté. Par quoy les vignes apportèrent si pou que le plus n’apportèrent que ung caque de vin en l’arpent, et encore mains telz y avoit ; moult se tenoit eureux qui en avoit en l’arpent ung muy ou une queue, et tout par le long yver qui tant dura que on vit oncques mais si long ; et vraiement on trouvoit es almandiers après la feste de Toussains des almandes toutes vertes bonnes à peler comme à la my-aoust, et estoient de très bon goust.

1.

2. La levée du siège de Montargis fut, pour employer les expressions de Cousinot de Montreuil [Chronique de la Pucelle, p. 247), « une bien vaillante entreprise mise à effet » par La Hire, aidé du bâtard d’Orléans ; les Anglais, placés sous les ordres des comtes de Warwick et de Suffolk, éprouvèrent un sanglant échec qu’un narrateur parisien. Cl. de Fauquembergue, se borne à mentionner en deux lignes : « Ce jour (vendredi 3 septembre), par puissance d’armes les ennemis levèrent le siège que tenoit le conte de Sulfok devant Montargis. » (Arch. nat., Xia 1480, fol. 384 T)

3. Ms. de Paris : auprès.

  1. Ce que l’auteur du Journal raconte des bohémiennes qui lisaient l’avenir dans la main des visiteurs est parfaitement exact ; l’autorité ecclésiastique fut même obligée de réagir contre l’entraînement populaire et fit célébrer, le dimanche 14 septembre, des processions générales aux Jacobins, relativement à ceux qui avaient montré leurs mains aux Egyptiens. Voici en quels termes le fait est rapporté dans les registres capitulaires de Notre-Dame (Arch. nat., LL 216, fol. 2o5) : « Veneris xii septembris, die dominica proxima, fient processiones générales ad Jacobitas pro facto illorum qui exhibuerunt manus suas illis extraneis de Egipto ad devinandum plura que petebant ab eis. »