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Page:Journal d’un bourgeois de Paris 1405-1449.djvu/35

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INTRODUCTION

disparaissent complètement de la scène politique et deviennent les Français ; quant à Charles de Valois, il n’est plus nommé que le roi de France. Pour expliquer une aussi rapide évolution, est-il nécessaire de recourir au système de l’académicien La Barre qui concluait à l’existence de deux auteurs distincts, ou bien doit-on admettre un remaniement de l’œuvre primitive ? Nous ne le pensons pas. Rien de plus simple, de plus facile à concevoir avec l’hypothèse que nous émettons plus haut. Après la soumission de Paris aux Français, l’homme d’église, quel qu’il soit, auquel nous devons le journal parisien, au lieu de quitter la capitale à la suite des Anglais, se rallie à la cause nationale, ainsi que le dénote l’apaisement de son esprit ; s’il conserve encore quelqu’animosité, ce n’est point contre la personne de Charles VII, mais contre celle du Dauphin et des « faulx gouverneurs » dont les exactions répétées ruinaient les Parisiens, gens d’église et autres ; c’est contre les gens de guerre et leurs chefs, dont le brigandage s’exerçait en toute liberté aux portes mêmes de Paris. Il a compassion de la situation misérable faite à Paris, à cette ville qu’il aimait par-dessus tout ; il déplore toutes ces oppressions, toutes ces tailles, toutes ces males gaignes, toute cette cherté dont personne n’avait souci, le roi moins que personne.

Loin de perdre au départ de l’étranger, le chanoine Jean Chuffart, quoique compromis par une profession de foi anglaise faite publiquement, y gagna un siège de conseiller-clerc au Parlement de Paris, qu’il obtint le 12 novembre 1487[1]. On observera que cette réception de Jean Chuffart en qualité de conseiller suivit de très près le retour du Parlement de Poitiers à Paris, que mentionne l’auteur du journal, en l’accompagnant de réflexions en faveur du régime nouveau qui rappela « aucuns bourgoys par doulceur, leur pardonnant tout très doulcement, sans reprouche et sans mal mettre eulx ne leurs biens. » Au début de l’année 1442 le chroniqueur constate que le Parlement interrompit ses plaidoiries et ne les reprit que le 21 février ; le motif de la suspension des séances touche tellement à la vie intime du Parlement et offre si peu d’intérêt pour tout autre qu’un parlementaire que celui qui en a pris note devait tenir par un lien quelconque à cette cour souveraine. Voici en effet ce que nous apprend le registre des plaidoiries à la date du 19 février 1442 : « Ce jour est recommencié le Parlement à tenir, lequel avoit et a cessé par faulte de paiement de gaiges depuis le venredi avant Noël derrainement passé jusques à huy[2]. »

Un fait caractéristique, sur lequel personne n’a insisté jusqu’ici, est l’esprit d’opposition qui anime l’auteur du journal parisien sous tous

  1. Arch. nat., Xia 1482, fol. 40 ie.
  2. ibid., Xia 4799, fol. 30 ie.