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Page:Journal d’un bourgeois de Paris 1405-1449.djvu/37

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xxiij
INTRODUCTION

néfaste joué par sa mère pour introduire dans son entourage l’un des conseillers les plus intimes de cette reine ; on comprend que mis à l’écart et méconnu, notre anonyme n’ait jamais manqué l’occasion de battre en brèche tous ceux que Charles VII honorait de sa confiance.

c. l’auteur du journal parisien fait un voyage au siège de meaux.

Entre toutes les chroniques du xve siècle, le Journal parisien des règnes de Charles VI et de Charles VII est celle qui nous fournit les informations les plus précises et les plus détaillées sur le siège de Meaux par les Anglais. Dans le récit palpitant d’intérêt que nous a laissé notre anonyme, il y a une variété et une abondance de renseignements vraiment surprenante, et l’on se demande comment un Parisien, un homme d’église surtout, pouvait connaître avec cette exactitude minutieuse les moindres incidents de ce siège, notamment les exploits sinistres du bâtard de Vauru, racontés dans ce style coloré qui rend si attachante la lecture de notre journal. Ne serait-on pas tenté de croire que notre chroniqueur était témoin oculaire des faits qu’il rapporte ? Tout lecteur attentif du journal parisien remarquera l’insistance que met l’auteur à rappeler la présence du roi d’Angleterre au siège de Meaux ; à deux reprises différentes il répète que Henri V y passa les fêtes de Noël et des Rois ; or nous voyons par les registres capitulaires de Notre-Dame que Jean Chuffart, à qui nous attribuons le journal parisien, fut précisément l’un des chanoines qui, vers le milieu de janvier 1422, eurent mission de se rendre auprès du roi d’Angleterre afin de lui présenter des lettres du chapitre concernant l’élection de Jean Courtecuisse comme évêque de Paris, élection qui n’avait point l’agrément du souverain anglais. N’est-il pas curieux de constater que dans la partie du journal parisien qui coïncide avec l’époque de ce voyage, l’auteur, après avoir dépeint la situation désespérée des laboureurs de la Brie ruinés par les déprédations des Anglais, nous entretient précisément de Jean Courtecuisse, cet évêque de Paris élu par l’Université, le clergé et le Parlement, qui ne pouvait prendre possession de son siège, parce qu’il n’était pas dans les bonnes grâces du roi d’Angleterre ? N’est-ce point là une allusion transparente à la mission que venait de remplir le prêtre à qui nous serions redevable du Journal parisien ? Si d’une part il est difficile d’admettre que le chroniqueur qui s’étend si longuement sur le siège de Meaux n’ait pas été à même de vérifier personnellement bien des faits, comment supposer d’autre part qu’un homme d’église de Paris se soit hasardé à entreprendre un voyage aussi périlleux en plein pays ennemi, sans être protégé par une délégation d’un caractère officiel analogue à celle dont les