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Page:Journal d’un bourgeois de Paris 1405-1449.djvu/80

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JOURNAL D’UN BOURGEOIS DE PARIS

devant eulx et gaingnerent tantost la ville, et moult tuèrent de gens du plain païs, que tous se rebellèrent en tout le pais de Beausse, car ilz avoient tant de paine et de charge de gens d’armes, qu’ilz ne savoient ausquelz obéir. Si se tindrent [aux] Arminaz qui là estoient les plus fors, pour le temps que la malle guerre commença. Et quant lesdictes communes vindrent à Dreux, ilz les trouvèrent si rebelles qu’ilz les tuèrent tous, et les faulx traistres Arminaz gens d’armes[1], qui les devoient secourir, s’enfouirent au chastel de ladicte ville et laissèrent tuer les pauvres gens. Et puis furent assegez de noz gens de commun si asprement qu’ilz ne se poaient plus tenir, quant ung chevalier, qui estoit [maistre] gouverneur desdictes communes, comme faulx traistre, fist laisser l’assault, et print grant argent des Arminaz, et fut du tout de la bande. Et si disoit on que c’estoit ung des bons de France, et ne se savoit on en qui fier, car il mist noz gens en tel estât qu’i leur convint partir à mynuyt pour eulx en venir à Paris, ou autrement eussent esté touz tuez par les faulx traistres et autres gentilzhommes, qui tant les hayoient qui ne les povoient souffrir, pour ce qu’ilz besongnoient si bien ; car qui les eust creuz, ilz eussent nettoié le royaulme de France des faulx traistres en mains d’ung an, mais aultrement ne pot estre, car nul proudomme ne fust escouté en ce temps. Et pour ce fust faicte paix du tout à leur gré, qui que le voulsist voir, car le roy estoit touzjours malade, et son aisné filz ouvroit à sa voulenté plus que de raison, et creoit les jeunes et les folz ; si en faisoient lesdiz bandez tout à leur guise. Et fist on par[2] la joie d’icelle paix les feuz avau Paris. Le premier sabmedi d’aoust mil iiiic et xii et le premier mardi de septembre, fut criée parmi Paris à trompettes[3] · · · · · · · · · ·

56. Mais il fut autrement, car il fut mis es carrières de Nostre-Dame-

    au siège de Dreux des bourgeois de Paris, sous la conduite du capitaine des arbalétriers André Roussel et de l’échevin Jean de l’Olive (Voy. Juvénal des Ursins, p. 477). La même lacune existe dans le ms. de Paris.

  1. Les mots : « gens d’armes » manquent dans le ms. de Rome.
  2. Le ms. de Rome donne une leçon fautive « et fist on que la joie. »
  3. D’après le Religieux de Saint-Denis (t. IV, p. 723), le traité d’Auxerre fut publié, dans les carrefours de Paris, le 12 septembre ; mais, dès le 27 août, le Parlement en avait été officiellement avisé par le premier président Henri de Marie à son retour d’Auxerre, et des processions générales furent faites à l’occasion de la paix le lundi 29, de Notre-Dame à Sainte-Geneviéve (Arch. nat., Xia 1479, fol. 202, 212),