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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

M. de Montmorin. Je propose Thouret comme garde des sceaux. Il avoue qu’il a du talent, mais doute de la force de son esprit. Je lui demande ses intentions au sujet de Clermont-Tonnerre. Il répond que ce n’est pas un homme de grande valeur. J’ajoute que c’est un homme faux. Il l’accorde, donc pas de difficulté à cet égard. Je fais remarquer que la coalition que je propose chassera Necker au moyen de cette même populace qui le soutient aujourd’hui. Necker est déjà effrayé et malade des affaires où il est engagé. Le duc de La Rochefoucauld arrive. Il nous apprend que l’Assemblée doit venir à Paris, et que la proposition de l’évêque au sujet des biens d’église est renvoyée au lendemain, car il espère avoir alors le clergé pour lui. Je dois revoir La Fayette dimanche matin à neuf heures. Je ne peux pas dîner demain ; de plus c’est un non-sens de se rencontrer à table au milieu d’une foule. Je cause un peu avec Ternant. Il me dit qu’il est sûr de son régiment, et qu’il peut amener avec lui six cents chasseurs de la lisière du Bois de Boulogne. Je lui demande si je puis donner son nom à quelqu’un de ma connaissance, comme une personne sur qui l’on pourrait compter. Il désire que je ne le nomme point, sauf dans les maisons où il est reçu, mais il m’autorise à dire : je connais un officier sur lequel on peut compter, etc., sans le nommer. Je vais chez Mme de Flahaut. Mme de Corny est avec elle. Après le départ de cette dernière, elle me demande le résultat de notre conversation chez La Fayette. Je la résume en peu de mots. Elle me dit que Louis de Narbonne qui, avec beaucoup d’esprit, est un assez mauvais sujet, sera l’ennemi de l’évêque à cause de son amour. Je suis fatigué et vexé ; aussi je rentre chez moi, fais du thé et me couche de bonne heure. La journée a été pluvieuse et désagréable.


10 octobre. — Je dois me rencontrer ce soir avec l’évêque chez Mme de Flahaut. Je vois M. Le Couteulx ce