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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

du cardinal de Richelieu. Le dôme de l’église est beau. Plus tard je vais au Palais-Royal dîner chez la duchesse d’Orléans. J’arrive en retard et j’ai fait attendre le dîner environ une demi-heure. Je m’excuse en disant que j’ai attendu les nouvelles de l’Assemblée nationale, ce qui est vrai, car je me suis arrêté quelque temps au Louvre pour voir l’évêque d’Autun qui n’est pas venu. Nous dînons bien et gaiement, avec aussi peu de cérémonie que possible à la table d’une personne d’un rang si élevé. Après le café je me rends avec Mme de Ségur aux appartements de Mme de Chastellux. Le maréchal nous lit une lettre de M. Lally-Tolendal à ses commettants ; elle n’est pas appelée à faire beaucoup de bien à l’Assemblée nationale. Elle ne lui fera pas de bien à lui non plus, car le roi, à qui elle est destinée, a plutôt besoin de ceux qui peuvent le servir à l’Assemblée que de ceux qui s’en absentent. La duchesse vient et nous donne le bulletin de l’Assemblée. Il est décidé que les biens d’église appartiennent à la nation, ou du moins que la nation a le droit d’en disposer. Cette dernière expression semble avoir été adoptée dans un but de conciliation. De là je vais chez Mme de Laborde. Quelque temps après, arrive l’évêque d’Autun. Il doit déjeuner avec moi demain et aller de là chez M. de La Fayette.


3 novembre. — Mardi matin, selon sa promesse, l’évêque d’Autun vient me voir et nous déjeunons. Il me dit que M. de Poix doit rendre visite à M. de La Fayette ce matin, afin de s’entendre au sujet de Mirabeau. Nous parlons un peu de M. de La Fayette, de ses mérites et de sa valeur. À neuf heures, nous nous rendons chez lui. Le cabriolet de M. le prince de Poix est à la porte cochère ; nous savons donc qu’il est là. M. de La Fayette s’est enfermé avec lui. Le nombre des visiteurs et des affaires rend courtes les minutes de notre conversation. La Fayette fait à l’évêque des professions d’estime et désire recevoir de