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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

27 novembre. — Je vois M. Laurent Le Couteulx et lui expose le plan qui a été élaboré, d’offrir pour la dette due à la France une somme de rente Française produisant le même intérêt. Il en est si enchanté qu’il s’offre comme intermédiaire, à la condition d’avoir des garanties suffisantes en Hollande. C’est beaucoup d’obligeance de sa part. Nous convenons de nous revoir ce soir chez Canteleu, et je vais chez Van Staphorst. Je lui expose l’objection faite par de Moustier aux négociations que M. Necker a engagées en Hollande. Il me dit que La Fayette lui a proposé d’agir comme espion pour découvrir les intrigues du parti aristocratique, ce qui, d’après La Fayette, pourrait éviter une guerre civile. Nous conseillons à Van Staphorst de décliner cette honorable mission. Parker ajoute qu’il faut la décliner de vive voix, pour ne pas laisser de trace écrite de la négociation. Je les laisse ensemble et rentre m’habiller. Le comte de Luxembourg vient me donner une foule de nouvelles que j’oublie au fur et à mesure. Il a aussi un monde de projets, mais je lui donne sur tous mon opinion d’ensemble, à savoir que lui et ses amis feraient mieux de s’entendre pour influencer les prochaines élections. Je vois Canteleu cet après-midi ; il semble croire que l’information de de Moustier est fatale à notre projet. Nous parlons longtemps inutilement ; j’exprime enfin à Canteleu mon désir de le voir s’informer de l’impression produite par de Moustier, et lui promets de parler à M. Necker à ce sujet.

Je dîne au Louvre avec Mme de Flahaut. L’évêque et son ami intime, le duc de Biron, sont du parti. L’évêque me demande mon opinion sur la dette américaine. Je lui réponds qu’elle est bonne, car c’est une dette qui doit être payée. Le duc de Biron ajoute qu’il pense qu’elle le sera et je partage son avis. Je dis que l’on doit proposer à M. Necker de la liquider au moyen d’effets français produisant un intérêt équivalent. Il croit que cette offre devrait