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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

dis que ce n’est pas juste, car il y a deux points à examiner : d’abord, si l’offre est avantageuse, et ensuite si les garanties sont suffisantes ; si l’offre n’est pas avantageuse, il devient inutile de parler de garantie, mais si elle est acceptable, ce sera alors le moment de savoir quelle sorte de responsabilité sera suffisante. En attendant, je me rendrais ridicule en demandant des garanties pour exécuter un contrat qui n’est pas fait. À ceci il réplique que, si j’obtiens sa promesse, je m’en servirai comme de base pour mes négociations et que j’irai frapper à la porte de différentes personnes. Ce n’est pas une comparaison très délicate. Je réponds d’un ton de mécontentement auquel se mêle peut-être un peu d’orgueil, que je ne frapperai qu’aux portes qui me sont déjà ouvertes. Nous parlons haut ; il le fait exprès, et à ce moment Mme de Staël dans l’intention, qui part d’un bon cœur, d’éviter tout froissement, me demande d’envoyer son père s’asseoir à ses côtés. Je lui dis en souriant que c’est une tâche dangereuse que de renvoyer M. Necker, et que ceux qui l’ont essayé une fois ont eu grandement raison de s’en repentir. Cette dernière remarque ramène la bonne humeur, et il semble prêt à continuer sa conversation avec moi, mais je ne m’occupe plus de lui et après avoir bavardé à droite et à gauche, je me retire. Je vais chez Parker lui raconter ce qui s’est passé, ce dont il est naturellement tout désappointé. Nous examinons ce qui nous reste à faire, et, après une sérieuse discussion, nous décidons de laisser passer la nuit, et de lui donner le temps de se calmer.


6 décembre. — Ce matin M. Parker vient me dire que le colonel Ternant prétend que Necker sera forcé d’accepter la proposition. Il me verra aujourd’hui au dîner chez le comte de Montmorin. Je vais chez Mme de Flahaut. Nous parlons affaires ; l’évêque regrette beaucoup ne pas avoir suivi mon avis. Hier soir, elle a blâmé sévèrement ceux