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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

avoir appris que le comte de Ségur cherchait à entrer aux Affaires étrangères. Gouvernet et elle sont d’accord pour dire qu’il n’est pas l’homme qu’il faut pour cela. À dîner, La Fayette m’a demandé ce qu’il fallait faire de la milice ; je lui ai répondu : rien ; ne pouvant agir comme il le faudrait, il vaut mieux la laisser à même d’être améliorée, ce qui serait impossible si la Constitution en fixait les règlements. Il me dit que d’autres personnes et lui encore sont décidées à choisir des articles isolés dans la Constitution, telle qu’elle existe actuellement, pour en faire une Constitution au vrai sens du mot, laissant le reste aux soins des législatures ultérieures. Je l’approuve, mais tout dépendra du choix fait. Pour ce qui est de la Déclaration des Droits, je conseille d’imiter les maçons qui ne renversent les échafaudages que lorsque la maison est finie. Je vais au Louvre donner à Mme de Flahaut des nouvelles de son ami, qui a trop bonne opinion de sa propre opinion pour faire un bon ministre des finances. Dans les différentes sociétés chacun semble d’accord à dire que cela va mal, et l’on parle avec découragement ; mais de fait rien de bon ne pouvait venir des mesures prises par le gouvernement, mesures que l’on a si sévèrement jugées.


19 janvier. — Je dîne aujourd’hui au Palais-Royal. La duchesse me dit que le trésorier du duc ne paye pas mensuellement comme il le devrait, et que, si cela continue, elle n’adhérera pas au pacte convenu. Elle reçoit en ce moment 450,000 francs par an, dont 350,000 vont aux dépenses d’intérieur, de domestiques, de table, etc., près de 15,000 louis. Il serait certainement possible d’économiser beaucoup sur ce chapitre. Après dîner je me rends au Louvre. Le cardinal de Rohan s’y trouve. Il parle incidemment de son procès, et, après avoir exposé les circonstances qui le lui ont rappelé, il déclare qu’il considère comme une faiblesse d’en parler, et il a raison. Il a plus de