Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

boulevard au-dessus du jardin du Roi. Nous suivons les boulevards jusqu’aux Invalides. Je descends mes compagnes chez elles, et reviens écrire chez moi. Le temps est très beau. J’ai vu ce soir une partie de Paris que je n’avais jamais vue. Elle n’est pas très peuplée, mais il s’y trouve beaucoup de beaux jardins. Je passe la soirée avec Mme de Laborde, chez qui je vois pour la première fois la déclaration signée par un certain nombre de députés, proclamant leur adhésion à la cause de la royauté. Elle est verbeuse et sans énergie ; on pourrait facilement les prendre à leur propre piège. Brémond me dit que Bergasse a préparé son ouvrage sur la Constitution française, et qu’il me le montrera ; et il me propose à ce sujet certaines mesures auxquelles je refuse de participer avant de connaître le but qu’ils poursuivent. Selon l’habitude, nous avons ce soir une conversation politique chez Mme de Ségur ; je trouve que les opinions sont en train de se modifier.


11 juillet. — Brémond vient me voir ce matin, et me demande d’aller voir Bergasse. Le traité de Bergasse sera court, clair et élégant. Je pense qu’il aura une grande valeur, mais je crains que l’esprit public n’y soit mal préparé. Visite à Le Couteulx. Il est sorti voir la procession de Voltaire. Je vais chez M. Simolin dans le même but. Il est si tard que nous retournons au Louvre dîner à la hâte, après quoi nous retournons chez Simolin pour voir la fête. Elle est piteuse, et la pluie ne la rehausse pas du tout. Je vais chez M. de Montmorin. Il s’est enfermé avec des visiteurs. Je reste assez longtemps avec les dames. Short arrive et nous nous disputons. Il prétend que la religion est à la fois absurde et inutile, et qu’elle est hostile à la morale. Je soutiens une opinion différente. Visite à Mme de La Caze ; je lui présente mes condoléances sur la mort de son ami, le baron de Besenval. Cette mort forme naturellement le sujet de la conversation, car il était