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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

plus sérieux soit nécessaire pour mater cette abominable populace. Je vais passer la soirée chez Mme de Ségur. Ses hôtes sont encore effrayés et aucun ne vient, sauf le chevalier de Boufflers. Ségur raconte ce qui s’est passé entre la reine et lui, et comment elle l’a trompé. Il me demande de dîner avec lui jeudi, pour rencontrer le comte de La Marck qui en a exprimé le désir. Je crois en deviner la raison, mais nous verrons. Je pense que l’un des plus beaux spectacles que j’aie jamais vus, était celui de ce soir au pont Royal : Un beau clair de lune, un silence de mort, et la rivière coulant doucement sous les différents ponts, entre de hautes maisons, toutes illuminées (par ordre de la police), et, de l’autre côté, des bois et des collines dans le lointain. Pas un souffle d’air. Il a fait très chaud toute la journée.

Copie de ma lettre à Robert Morris : « Le but de la réunion du 17 juillet était de persuader à l’Assemblée, par la douce influence de la corde, de défaire tout ce qu’elle avait fait à propos du monarque emprisonné. Comme les différents ministres et les officiers municipaux avaient été chargés par l’Assemblée de maintenir l’ordre et de veiller à l’exécution des lois, on a fait une proclamation et déployé le drapeau rouge. Revenant de chez l’ambassadeur de Hollande vers sept heures du soir, j’ai rencontré un détachement de la milice avec le drapeau rouge, et quelques officiers civils. Peu après, je suis monté sur une hauteur pour voir la bataille, mais elle était terminée avant mon arrivée, la milice n’ayant pas voulu, comme d’habitude, mettre l’arme au pied sur l’ordre de la foule. À son ordinaire, celle-ci commença à lui jeter des pierres. Il faisait chaud et c’était dimanche après-midi ; or, d’après un usage immémorial, les habitants de cette capitale ont généralement une partie de plaisir pour ce jour-là. Être privés de leur amusement, parader dans les rues sous un soleil brûlant, puis se tenir comme des dindons pour être assommés à coups de bri-