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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

semblée a décrété que, le roi étant inviolable, on ne pouvait le comprendre dans les poursuites intentées contre ceux qui étaient concernés dans son évasion. Cela a causé une grande effervescence. Le peuple s’assemble actuellement à ce sujet, et les miliciens (dont beaucoup sont hostiles au roi) sont sortis. On a voté une loi contre l’émigration, bien que, d’après la déclaration des Droits de l’homme, chacun ait le droit d’aller où il lui plaît ; mais, vous le savez, c’est là le sort ordinaire des déclarations de droits. On ne sait combien de temps cette restriction sera maintenue, mais tant qu’elle durera, aucune terre ne pourra être vendue au détail. »


21 juillet. — Dîner chez le comte de Ségur ; j’y rencontre M. de La Mark et M. Pellier. Il se trouve que ce dernier a, sur le gouvernement, presque les mêmes opinions que moi. Après le dîner, promenade avec Mme de Ségur dans les jardins du Palais-Bourbon. Elle m’a demandé cet après-midi (probablement pour en informer son mari) si j’accepterais la place de ministre plénipotentiaire au cas où elle me serait offerte. J’ai répondu : « Oui, si l’on m’en donne l’autorité. » Elle m’a demandé ensuite si je saisirais l’occasion de l’obtenir, au cas où le roi et la reine promettraient de suivre mes conseils. Je lui ai dit que dans ce cas je réfléchirais. Brémond m’informe qu’il est nécessaire de voir Camus pour divers détails, et veut que je m’en occupe. Lui et Pellier doivent dîner avec moi demain. Je dîne chez Mme de Flahaut. Nous allons à l’Opéra ensemble. « Œdipe » est suivi du ballet de « Psyché ». La musique de l’Opéra est excellente, de beaucoup la meilleure que j’aie jamais entendue ; je donne mon avis à ce sujet, et l’on m’assure que c’est la meilleure qui soit sur une scène française. Le ballet est absolument magnifique. Mme de Flahaut me dit qu’elle a besoin de petits assignats pour M. Bertrand, et qu’elle y trouvera du profit. Naturellement