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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

se l’imagine et va m’en donner les raisons, ce qu’elle fait en partie, quand arrive M. Dufresne Saint-Léon qui met fin à notre conversation. Après lui vient M. de Montmorin, puis M. Chapelier. M. Pétion est nommé maire de Paris, paraît-il, et ceci alarme grandement la bonne société ; je ne crois pas que ce soit à tort, si les autres restent sages. Moustier m’a demandé avec une grande insistance d’écrire sur les finances ; je m’y refuse pour le présent, en disant que les choses changent trop et trop rapidement. Delessart, dit-on, doit devenir ministre de la marine. Brémond m’informe que sous les auspices du triumvirat Duport, Barnave et Lameth, lui et d’autres vont publier un journal. Je lui conseille de n’avoir pas trop de rapports avec eux.

Je dîne au Louvre. M. Vicq d’Azir me dit qu’il a répété à la reine la conversation qu’il a eue avec moi au sujet du décret contre les princes, et qu’elle a désiré l’avoir par écrit, en disant qu’elle savait apprécier tout ce qui venait de cette source. Il pense que cela a contribué au rejet dans une certaine mesure. Je ne crois pas un mot de tout cela. Il me demande mon avis sur la conduite à tenir au sujet du décret contre les prêtres. Je désire avoir le décret et les actes constitutionnels relatifs à ces malheureux, avant de formuler une opinion.


20 novembre. — Je vois M. de Montmorin et je lui dis le sens de ma lettre au roi à son sujet. Il répète qu’il lui était impossible de rester en place ; il m’en donnera la raison, un de ces jours, et le roi devrait lui être reconnaissant de la cacher. Je lui dis que j’ai toujours supposé qu’il avait une raison qu’il ne donnait pas, car celles qu’il donnait étaient insuffisantes. Je fais une visite à l’ambassadeur d’Angleterre : il me complimente sur les vers donnés à sa femme. Il y a ici une des dames de la reine qui désire faire ma connaissance. Elle fait tourner la conversation sur la politique et j’abrège ma visite.