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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

4 décembre. — J’envoie Brémond chez Lameth pour conseiller à Delessart de se retirer, car il n’a pas assez de fermeté pour la situation où il est placé. Je vais à un thé chez Mme Tronchin, puis chez M. de Montmorin ; étant chez ce dernier, je lui prépare un petit paragraphe, contredisant le rapport, devant lequel il a pris peur. Mme de Flahaut a corrigé un ouvrage de l’évêque d’Autun ; c’est une adresse du département au roi contre le décret fixant des pénalités pour les ecclésiastiques insermentés. Elle blâme cette démarche et je fais comme elle. Elle dit que l’ouvrage était bien écrit.


6 décembre. — Ce matin je dicte à Brémond une philippique contre les chefs du parti républicain, et je m’exerce à préparer une forme de gouvernement pour la France. À quatre heures et demie je vais dîner avec M. de Montmorin. Je le trouve occupé à lire l’adresse des membres du département de Paris au roi. Elle est bien écrite sous plusieurs rapports, mais le style est plutôt celui d’un directeur de théâtre populaire que celui d’une adresse au monarque. Pour excuser leur intervention, ils invectivent beaucoup les émigrés, et prouvent qu’ils tremblent tout en parlant haut. M. de Montmorin me dit que l’évêque d’Autun a pressé le maire, Pétion, de la signer ; celui-ci a refusé, disant qu’il approuvait la chose, mais qu’il ne voulait pas se fâcher avec les fous et les enragés, parce que c’est eux, et non les gens raisonnables, qui font les révolutions ; pour sa part, il ne tient pas à être pendu pour avoir fait triompher la raison. Je crois qu’il agit sagement, et l’autre qui se place toujours entre deux tabourets, n’aura jamais un siège bien sûr. Je vais voir le ministre de la marine. Il me montre le plan d’un discours que le roi doit faire à l’Assemblée. Nous parlons des affaires publiques et du moyen d’établir en ce pays une Constitution assurant les justes droits de la nation sous le gouvernement d’un roi réel. Il