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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

ciel remettra aujourd’hui au roi la note préparée hier soir. Mon tailleur, qui est capitaine dans la milice, assure que les choses vont très mal ; les opinions de la milice sont très divisées. Je vais chez le ministre des Affaires étrangères, et l’entretiens de différentes choses que j’avais à lui communiquer. Je dois faire des notes à ce sujet. Pendant que je suis là Monciel arrive, mais nous ne nous reconnaissons pas.


28 juin. — Monciel vient me dire que M. de La Fayette est arrivé, et doit se rendre ce matin à l’Assemblée. Le roi en recevant le projet préparé à son intention a dit qu’il serait excellent, si l’on pouvait compter sur la garde nationale. Je lui fais voir que la visite de La Fayette ne peut avoir aucun résultat, et qu’il devrait se hâter de faire venir les Picards. Monciel pense que l’on peut se servir de La Fayette pour faire sortir le roi de Paris, et il compte sur les Suisses. Cette dernière partie du projet est la plus raisonnable. Je m’habille pour me rendre à la Cour où j’apprends que la réception du Corps diplomatique est renvoyée à demain. Je dîne chez l’ambassadeur d’Angleterre et j’y rencontre Mme de Staël. Elle me raconte la réception de M. de La Fayette et son adresse à l’Assemblée. Elle en est mécontente, mais dit que c’est peut-être parce qu’elle aime trop l’éloquence.


29 juin. — À la Cour, aujourd’hui, Mme Elisabeth et la reine font allusion à la faute que j’ai commise hier en me rendant à la Cour, alors que le Corps diplomatique n’était pas reçu. Je dis à Sa Majesté que c’était la faute de la poste (c’est du moins ce que l’on m’a assuré) ; la remarque de la reine semble dirigée contre lui et M. de la Live. La Fayette me parle à la Cour sur le ton de notre ancienne familiarité. Je lui dis que je serais heureux de l’entretenir quelques minutes. Il répond qu’il quitte Paris