Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

unis ; on s’embrasse ; tout n’est qu’amour et bienveillance. C’est la peur des républicains qui en est cause. Je dîne avec M. de Montmorin, et je fais ensuite une visite à lady Sutherland au Louvre. Je vois Vicq d’Azir et lui dis que j’avais préparé une lettre pour sa maîtresse, mais que je ne l’enverrai pas. Il insiste, mais je refuse. Le roi s’est rendu à l’Assemblée ; c’est une démarche que je blâme.


8 juillet. — Brémond me dit ce matin que Monciel a l’intention de démissionner. Il s’est opposé en plein conseil à ce qui s’est fait hier, et en a parlé en particulier au roi et à la reine, mais sans résultat. Je me rends à la Cour. La reine est de bonne humeur et très affable. Je ne suis pourtant point satisfait de sa conduite.


9 juillet. — Je passe la soirée chez Mme d’Albany. L’ambassadeur de Venise, qui avait exprimé de grandes espérances après la scène de réconciliation, est complètement abattu aujourd’hui. Brissot a prononcé contre le roi un discours enflammé. Tronchin est absolument malade à cause de la Révolution.


11 juillet. — Tous les ministres ont démissionné. Brémond me dit que c’est la faiblesse de Leurs Majestés qui a fait partir le ministère. Je m’y attendais. Il ajoute que Monciel a répondu avec énergie aux reproches qu’on lui faisait. À propos de ces reproches, nous préparons pour Monciel le canevas d’un discours destiné à frapper un coup encore plus décisif, si Leurs Majestés revenaient à la charge. Je crois qu’Elles manquent de courage et que cela les empêchera toujours d’agir de façon vraiment royale.

L’intention actuelle du roi est d’assurer la liberté de la France. Je doute qu’il soit suffisamment maître de son propre parti pour y réussir ; je ne sais s’il survivra à l’orage, qui