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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS.

qu’il n’osera pas le répéter en Amérique. Le général Duportail vient me voir. Il voudrait s’en aller, si les choses deviennent encore pires.


17 août. — Aujourd’hui j’emmène ma triste amie, Mme de Flahaut, faire une promenade au Bois de Boulogne, où nous restons jusqu’à ce qu’elle soit fatiguée. J’ai des Américains à dîner. Après le dîner, je fais une visite à lady Sutherland, et après que son monde est parti, nous prenons le thé. Il pleut ce soir et il fait un peu plus frais. M. de Sainte-Foy qui est venu ce matin dit que le roi, la reine et la famille royale sont traités de la façon la plus honteuse. Il donne de pénibles détails. Lord Gower est prudent à l’extrême. Plusieurs membres du corps diplomatique s’en vont. Le temps s’est rafraîchi.


19 août. — Ce matin, j’emmène Mme de Flahaut voir sa belle-sœur à Versailles. J’ai des difficultés au sujet d’un passeport et je me rends près de la municipalité de Versailles, qui est très polie.


20 août. — Je fais une visite l’après-midi à lady Sutherland. L’ambassadeur a reçu l’ordre de rentrer en Angleterre ; à la fin de la dépêche sont des menaces au cas où le roi et sa famille seraient insultés, « parce que cela exciterait l’indignation de toute l’Europe. » Cette dépêche signifie simplement en bon français que la cour d’Angleterre est irritée de ce qui est déjà fait, et qu’elle fera immédiatement la guerre, si la façon dont est traité le roi autorise ou justifie les mesures extrêmes.


21 août. — On ramène quelques Anglais qui étaient en route. Je fais ma visite d’adieu à lady Sutherland. Elle n’a pas encore pu avoir ses passeports. L’ambassadeur de Venise a été ramené et traité de la façon la plus indigne ; ses papiers mêmes ont été examinés, à ce qu’il dit lui-même.