Aller au contenu

Page:Journal de Gouverneur Morris.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

année 1791

Lettre à Washington, du jeudi 30 septembre.

Aujourd’hui, dans une heure, le roi va clôturer la session de l’Assemblée nationale, ou plutôt lui dire adieu. Vous aurez vu qu’il a accepté la nouvelle Constitution, et qu’en conséquence son arrestation a été levée. C’est une conviction générale et presque universelle que cette Constitution est inexécutable ; ceux qui l’ont faite sont unanimes à la condamner. Jugez de ce que doit être l’opinion des autres. Le roi s’occupe actuellement de se rendre populaire ; sa vie et sa couronne en dépendent, il est vrai ; la Constitution est telle qu’en peu de temps son pouvoir devra augmenter ou diminuer considérablement ; il commence heureusement à s’en apercevoir, mais, malheureusement, ses conseillers n’ont ni la prudence ni la fermeté qu’exigent les circonstances. Autant que l’on peut le prévoir, la nouvelle Assemblée est profondément imbue de principes républicains ou plutôt démocratiques. Les provinces méridionales du royaume sont dans les mêmes dispositions ; le caractère du Nord le porte vers l’Église ; l’Est est attaché à l’Allemagne et serait content d’être réuni à l’empire ; la Normandie est aristocratique ainsi qu’une partie de la Bretagne ; le centre du royaume est monarchique. Vous pouvez être certain que cette carte est juste, car c’est le résultat d’une enquête faite à grands frais par le gouvernement, et je crois qu’en vous en servant, ainsi que des quelques observations qui précèdent, vous arriverez à comprendre facilement une foule de choses que vous n’auriez démêlées qu’avec peine sans