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APPENDICE.

circonstances. À ce propos, mon informateur me dit aussi que M. Pitt a l’intention de nous enjôler jusqu’à l’adoption de son plan pour Saint-Domingue ; et j’apprends d’une autre source qu’il a l’intention de nous offrir sa médiation pour la paix avec les Indiens. Cette médiation doit être pour nous la récompense de l’adoption de ses plans, et en ce qui regarde les tribus indiennes, il veut, par ce moyen, se constituer leur patron et leur protecteur. Il peut être bon de rapprocher ceci de la récente division du Canada et les mesures prises actuellement pour coloniser militairement le haut pays, et par-dessus tout, de ce qui peut venir de M. Hammond.

Je reviens à Saint-Domingue. Si tel est le plan de M. Pitt, bien que je ne nous suppose pas disposés à nous y engager ni même à nous y arrêter, le succès en sera pourtant tout à notre avantage, et une simple préface de ce qui arrivera sûrement à la Jamaïque au premier changement de vent dans le monde politique. La destruction du port de Cherbourg n’a actuellement aucune importance pour le ministère anglais, parce qu’on suppose que les éléments le détruiront avant qu’il ne soit achevé, et parce que la marine française, manquant de discipline, forme plutôt un objet de mépris que de crainte. La prolongation offerte du traité de commerce ne répond à rien, car actuellement toutes les parties de la France sont ouvertes à la contrebande, et l’on a peu de raison de croire à la longue durée d’un traité fait en ce moment. Il arrive donc qu’aucune des offres n’arrête l’attention. La neutralité demandée a une très grande importance, au contraire. En laissant les Pays-Bas autrichiens exposés à une invasion française on aurait violé les anciens et les récents traités. Ce n’est pas tout, car (comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire remarquer) l’annexion de ces provinces à la monarchie française serait presque, sinon tout à fait, fatale à la Grande-Bretagne. Et si nous considérons qu’elles sont déjà presque en révolte ouverte, et que leur intérêt est en fait de se réunir à la France, il y a lieu de supposer que cette union pourrait s’accomplir en cas de guerre avec l’Empereur. J’en ai dit assez sur le chapitre de la bonne