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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

semblables qui sont la cause de leur réunion. Je retourne en ville assez tard, et je soupe avec Capellis et sa belle tante, Mme de Flahaut. Une dame qui est là prend un plaisir extrême à s’écouter parler. La journée a été suffocante, et la soirée n’apporte pas beaucoup de fraîcheur.


16 mai. — La matinée est désagréable, grâce au vent, au froid et à la pluie ; je pars néanmoins pour Louveciennes, comme il a été convenu avec M. Le Couteulx, et j’y arrive un peu après deux heures. On l’attend depuis deux jours avec sa famille, mais personne n’est venu et, comme le cuisinier ne s’est pas encore montré, il est évident qu’il ne sera pas là pour le dîner. Je vais à une taverne dont l’extérieur est des plus engageants, mais tout ce que la maison peut fournir se réduit à un maquereau, un pigeon, des œufs frais et des asperges. Le poisson s’est probablement attardé eu route, et a acquis trop de haut goût pour un simple Américain. Ce fait occasionne la mort du pigeon solitaire, qui est ainsi délivré de la prison où il mourait de faim. La cuisine et les provisions se valent, et je ne cours pas le risque d’une indigestion aujourd’hui. Dans son zèle louable pour l’honneur de sa maison, mon hôte ajoute à l’addition ce qui manquait au dîner. Le pauvre petit pigeon est compté un peu plus d’un shilling, et la botte d’asperges filandreuses environ trois shillings, prix très raisonnable, si l’on songe que les œufs sont à six sous la pièce. Après ce repas, je vais à la Malmaison, où tout est sens dessus dessous ; il y a une forte odeur de peinture dans la maison, et il faut y ajouter un plat de choux au vinaigre en train de bouillir, produisant une autre odeur tout aussi désagréable. Je me promène dans les jardins qui sont charmants. Mme Dumolley me fait monter dans son whyskey, et nous faisons une promenade des plus agréables dans un des parcs royaux. Je prends le