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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

son gendre, Berthier, intendant de Paris, qui est lui-même tué et coupé en morceaux. La populace promène ces débris informes avec une joie sauvage. Grand Dieu ! quel peuple !


23 juillet. — J’ai passé ma nuit à écrire, et ne me suis couché qu’à sept heures du matin. Je me réveille à huit heures pour cacheter mes lettres et me rendors. Entre une heure et deux, je réponds au désir de Mme de Flahaut qui veut me voir, parce qu’elle ne va pas à Versailles, comme c’était son intention. Elle me garde à dîner et nous avons ensuite une conversation confidentielle. Pour me guérir de tout sentiment qu’elle pourrait m’inspirer, elle m’avoue qu’elle est mariée de cœur. Je devine avec qui. Elle reconnaît que j’ai raison et m’assure qu’elle ne peut lui être infidèle. Je la quitte pour aller chez Jefferson, où nous bavardons tout en prenant le thé.


25 juillet. — Un député aux États généraux m’a demandé de mettre par écrit mes idées sur la constitution à donner à la France. J’y passe toute la matinée du samedi. Pendant que j’y travaille, arrive M. Mac-Donald. Je lui lis ce que j’ai écrit et je le vois fortement impressionné par les pensées et la manière dont elles sont exprimées. Cela me prouve à l’évidence que mes observations ne sont pas sans poids ni sans vérité.


26 juillet. — Dimanche matin. Reçu un mot de Mme de Flahaut qui a quelque chose à me dire. Je vais chez elle à une heure. Elle désire savoir si j’irai à Versailles conférer avec le comité chargé d’un rapport sur la Constitution. Je lui dis que je le veux bien, si cela ne retarde pas mon départ pour Londres, car je me crois tenu de rendre à ce pays-ci tous les services en mon pouvoir. Je lui explique ce que j’ai écrit hier pour qu’elle puisse le traduire plus tard. Un peu de bavardage, puis dîner en partie carrée, et