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JOURNAL DE GOUVERNEUR MORRIS

si ce n’est que chacun semble maintenant d’avis d’exclure les reines de la régence, par le même principe qui les exclut du trône, savoir : la loi salique ; et de plus, parce qu’une régence ne doit comprendre aucun étranger. Ce dernier article n’est pas mauvais, mais on pourrait laisser l’autre de côté. Je leur donne mon avis qui est loin d’être approuvé, mais les opinions changeront. Au moment où je sors, quelqu’un m’attend pour me dire tout bas qu’il pense comme moi.


24 septembre. — Ce matin je vais à mon rendez-vous chez Mme de Flahaut. Elle est à sa toilette avec son dentiste. Je lui montre une liste du Comité des finances et lui demande son opinion sur le caractère de quelques-uns de ses membres. Finalement je lui dis que j’ai formé là-dessus un projet auquel elle devra participer pour aider à l’exécuter. Elle me donne ses raisons de croire que M. de Montesquiou sera ministre de la marine, et que, dans ce cas, de bonnes choses peuvent être faites. Nous verrons. J’entends au club le résumé des propositions de Necker aux États. Elles me paraissent étranges, mais il est impossible d’en juger avant de connaître les détails.


25 septembre. — Mme de Flahaut a eu aujourd’hui les dernières nouvelles de Versailles. Elle dit que Necker a prononcé un mauvais discours, où il ne fait que se louer lui-même ; que le marquis de Montmorin présentera demain le rapport du Comité des finances sur ses propositions, et qu’il y exposera son propre plan ; elle me demande si j’irai, car, dans ce cas, elle me procurera un billet, et un autre pour lundi, jour où l’évêque d’Autun présentera le rapport du Comité de constitution. J’accepte les deux offres. Elle a répété une de mes paroles à de Montesquiou, et sa manière de la redire en a fait un élégant compliment. Elle me dit qu’il en a été très satisfait et que, s’il entre au ministère, je