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Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/149

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ANNÉE 1899


Lundi 18.

On s’en prend trop facilement de ses disgrâces à la nature. Il n’y a pas une gaucherie du dehors qui ne soit une gaucherie du dedans. Il ne faut rien attendre que de soi et, sous cette condition, rien n’a le droit de nous manquer, fût-ce l’argent, fût-ce la santé, fût-ce la beauté.

Il n’y a pas à se consoler de ses disgrâces par son intelligence. L’intelligence doit être une beauté physique, elle est médiocre si elle ne va pas jusque-là. Son rôle est de tout éclipser.


Mardi 22 décembre.

Hier, dîner à la maison. R… m’a dit au milieu du dîner : « Il y a des jours où je pleure de rage pour toi ». La rage n’a pas besoin de pleurs.


24 décembre.

Il y a des moments, quand je suis immobilisée dans mon lit, dans une réunion, où je prie, n’ayant rien de mieux à faire. Mais cela m’est détestable ;