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journal de marie lenéru

Quand il arrive que j’ai pensé sans le faire exprès, vraiment absorbée par quelque chose, un souvenir de lecture généralement, je m’en réveille avec une surprise heureuse comme la nuit en chemin de fer : tiens, j’ai dormi !

Ô vous qui vous vantez de le connaître, sachez que cela s’appelle l’ennui.


20 janvier.

Je disais à maman que je ne désire pas la gloire pour être très connue, mais pour que certaines gens, que je sais bien, pensent de moi ce que je pense d’eux.


26 janvier.

Je lis ce que Montalembert a écrit sur Lacordaire ! Je suis retournée à Notre-Dame pour me mettre à genoux en face de cette chaire : « Je me trompe Messieurs, il y a un homme dont l’amour garde la tombe ; il y a un homme dont le sépulcre n’est pas seulement glorieux comme l’a dit un prophète, mais dont le sépulcre est aimé… Il y a un homme poursuivi dans son supplice et sa tombe par une inextinguible haine et qui, demandant des apôtres et des martyrs à toute postérité qui se lève, trouve des apôtres et des mar-