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XVII
PRÉFACE

« La journée de la princesse ». C’est un acheminement vers le théâtre !

S’amuser aux dépens du prochain n’empêche pas d’avoir bon cœur. L’historiette que voici le prouve :

« Hier j’ai bien ri ; j’ai été acheter des bonbons au vieux bonhomme, je lui demande de me donner des roses, il me donne des blancs, je lui répète non des roses alors il me met des violets, Henriette qui était là me souffle qu’il ne sait pas ses couleurs je pars d’un formidable éclat de rire le pauvre vieux me regarde et pour ne pas qu’il croit que ce soit de lui que je riais j’ai dit à Henriette : Veux-tu bien ne pas faire tant de grimaces. »

Marie ne semble pas encore très ferrée sur le calcul, car à la date du 2 juillet nous lisons ceci :

« Je vais à partir de maintenant m’occuper énormément de mes fleurs, hier j’ai trouvé mon pauvre rosier en proie à des milliers de petits pucerons j’en ai ôté pas mal mais Mlle L… m’a dit qu’un seul puceron faisait 8 petits par jour, donc en admettant que j’en ai laissé 8 aujourd’hui il y en aura 56 par conséquent il faut que je recommence encore aujourd’hui la même histoire alors j’y vais. »

Elle prend le 5 juillet la résolution d’écrire un ouvrage d’imagination :

« Hier j’ai lu dans l’Énéide et un passage de pêcheurs