de la chair qui respire et qui veut, d’être des bêtes.
Je crois que j’aime la vie humaine, que j’en ai la curiosité, comme si j’étais d’une autre race.
À l’acte du château, j’ai compris un autre prestige de la Cour. Toutes ces bêtes, choisies, variées, spécialisées, étiquetées, à portée des souverains… On éprouverait à les manier une jouissance de tactifs, comme à toucher de belles pièces d’échecs.
Les généraux en chef ont connu cela : l’être qu’on peut manier et sacrifier. Cela crée un rapport nouveau d’œil à œil, quelque chose de plus rare, de plus poignant peut-être que l’amour.
Napoléon restera l’homme qui a possédé le plus vrai de la volupté humaine. Tous ces hommes qu’il a eus… je ne parle pas des peuples qu’il n’a pu sentir, mais de ceux qu’il a vus, dont il se souvenait. Toute discussion à cet égard, n’est qu’une revanche d’humilié. Je n’ai jamais approché une foule sans éprouver immédiatement, non pas ce que doit être l’orgueil, mais la sensualité du pouvoir. Ah ! personne comme moi ne saurait plus gravement ressentir l’émotion des vanités !
Il faut prendre garde, il y a chez nous trop d’ascétisme réflexe, trop de mortifiés sans le savoir. Nous gardons les dégoûts du christianisme, mais nous en avons aboli les soifs. « Soyez des âmes de désir, » disait, au moins, sainte Thérèse.