ironique pourtant, comme s’il fallait bien s’enorgueillir d’une maladresse colossale.
J’ai relu le règne de Tibère dans Tacite et repris Machiavel. Si après cela on ne peut pas me confier un empire ! Une chose délicieuse dans Machiavel qui ne parle qu’affaires et crimes d’État, c’est le tutoiement au lecteur : Et tu ne te maintiendras pas si tu fais ceci, et tu vas à la ruine si tu n’uses pas de la personne du renard et de la personne du lion.
Ed era duca tanta ferocia et tanta virtu…
Tacite dit aussi : Pollionisque asinii patris ferociam retineret. Je l’aime cette ferocia romaine. Elle se traduit par la hauteur, l’indomptabilité, la force.
En latin la férocité est une vertu. À sa racine, la chose et le mot sont admirables, tant il est vrai que les hommes sont faits pour être mangés.
Cela m’édifie à la Bibliothèque quand je lève les yeux, assez souvent, car piocher m’est toujours anti-naturel, cela m’instruit d’examiner les hommes dans la franchise, dans le cynisme du travail.