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ANNÉE 1911

des idées, il pose des problèmes, et c’est à peine s’il les touche. — Divorce, Énigme, Émigré, Barricade, il ne sait avancer qu’à l’aide d’un développement mélodramatique qui est autre chose, un sujet dans un sujet. Dans les trois drames cités, il n’a pas su faire une action de l’idée, elle est exprimée accessoirement, par tirades. Le sujet du Divorce c’est le roman du jeune homme et de l’étudiante, l’action est là. Dans l’Émigré également, le roman de la génération suivante, le feuilletonesque intendant voleur et l’incroyable bévue de l’autre père, qui annule problème et idée. La Barricade. Pataud l’a dit : c’est une histoire de femmes. Il y a là une si constante maladresse dans cette destruction de l’idée par une clause facultative et, pis encore, dans un dénouement accidentel — la mort du premier mari dans le Divorce — qu’elle en devient inintelligence, à tout le moins inintelligence littéraire. Mais si Bourget traitait vraiment les sujets qu’il annonce, s’il allait jusqu’à la mise en action de l’idée, il serait Ibsen ou Curel.

On a tellement parlé de ma sensibilité cet hiver, ou plutôt, suivant ces messieurs de 50 ans, — de mon insensibilité — que j’éprouve le besoin d’écrire ici ce que je ne puis tout de même pas dire dans une préface. Mais d’abord, qu’il soit bien entendu que je ne discute même pas la froideur des Affranchis, les jeunes gens ont fait justice de cet incroyable cliché.