Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
351
ANNÉE 1918


1er  août.

Hélas ! oui, un monde de héros. J’admire. J’ai surtout envie de pleurer et d’enrager. Il est dangereux d’être gardé pendant quatre ans en présence d’un objet admirable. Oui, un monde de héros. Sera-t-il plus facile d’y aimer après qu’avant ? Ô mystère profond de la personne qui obtenez les grandes amours, qui les obtenez de ceux qui les donnent, les exigeants, les difficiles, les implacables, en quoi résidez-vous donc ?

Valeur personnelle, nous réclamons le caractère alors que vous êtes esprit, serait-ce que nous réclamons l’esprit quand vous êtes caractère ?

Conclusion : si j’aime ce héros et non pas celui-là, ce sera pour une nuance en lui qui était là avant l’héroïsme, et je ne parle pas de l’amour aveugle, mais de l’amour-amitié, de l’amour-estime, de l’amour-reddition morale. Ô mystère de la personne. Ô Altitudo !…


FIN