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Page:Journal de Paris, tome 5, n° 1 - n° 180, 23 septembre 1802 - 21 mars 1803.djvu/13

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grande dame , bien belle & bien trifte , que vous | éiégies. Une petite woix sverrez-12 dans le coin, fi vous pouvez y parvenir. Elle eftalife 2 cdté d’tne fenétre, devant une table, avec un chien aupres de fa chaile, & devant elle un papier qu’elle a l’air d’arrofer de fes larmes. On dit qu’elle a perdu fon mari, & Yon voit clairement go’elle ne fe remaricra jamais. — Ah! Mademoifelle , lui dis-je, il paroit que c’eft le triomphe de l'amour en meme temps que celui de la peinture. A cdté de la demoifelle -€toit un de ces jeunes gens, plus‘fouvent contens d’eux que des autres, & qui paroiffent avoir pris pour devife : Nil admi-ari. Ce jeune homme parloit aufli de Valentine ,, mais avec un noble dédain, fe faifant fort de. montrer qu'il n’y avoit que des anes qui pulleay ainfi s'extafier devant auffi peu de chofe ; & il faut convenir, ajoutoit- il honnétement, qu'il” y en a beaucoup ici que je pourrcis nommer.— Qui, Monfieur , répondoit un ton homme & portés de-lh, mais peut- étre qu'il vous en cod-teroit pour les nommer tous... Ce font des baga-telles qui vous en impofent au premier coup-d’cil , continue le formidable cenfeur, mais feuIement aux ignorans ; car un homme de l'art nen eft pas la dupe. Ah! monfieur, j’entends, dit la jeune demoiselle, vous voulez dire que les ignorans peuvent s’y méprendre & croire que ceft quelque chofe de réel, au lieu que les favans voient bien que ce n’eft que de la peinture ; mais, par malheur , comme je fuis do nombre des premiers , je vous ferai bien obli- gée de me montrer en quoi je me trompe. —~ Ab! de tout mon cceur, mademoifeile , fi hous pouvons en approcher; car il y a tou- jours tant de foule autour de cette crotte 13, qu'il fant pour ainfi dire retenir Jes places. Aufitat le cenfeur, Padmiratrice & moi nons proftons d’un courant -qui venoit de s’établir #u milieu de la foule, & quinous menoit Gcoit & la chambre de Valentine; mais , pen- cant les cing ou fix premiéres minutes , je Nai puen juger que par des oui-dire, tant il y avoit de corps intermédia‘res quile cachoient a ma vue. La belle femme } diioit un élézant ; Ja belle hermine ! difoit un fourreur; le beau verre ! difoit un vitrier; le beau taffetas'! di- foit un ouvrier en foie; & ce chien ! difoit un jockey, c’cft julte celui de madame......;3 comme il aime fa maitreffe ! difoit une bonne fervante.... ; il n’y a pas jufqu’a un poete, que fai reconnu, & que’ccrioit: C’eft la vertu, la douleur & Ia beauté perfonnifiées ¢ en vé-mitt, ce vilage Ja vaut micuz que toutes mes ay.féléve c’étoitcel’dun enfant de fix ou fept ans : Maman, di-foit-il ; eft-ce qui y aun trou a la muruiile, que le jour paffe comme cela par la vitre ?—= | Non, mon enfant, c’eft de le peinture. — Bon, jma petite maman, tu te mocques toujours de moi.-—~ Je ne mie mocque pas, mon fils, c’eft bien’ vrai, — Mais, niaman, elt-ce que les vitres de notre églife , 4 la grand’meffe , c’eft de la peinture ?— Non, mon ami, ce font des fe- nétres. — Eh! bien, gi c’eft yne fenétre auffi ; & le rdeau vert, tu diras peut-étre aufli que c’eft de la peinture, tandis que c’e comme le petit rideau vert de ton cabinet, excepté qu'il ef plus petit... '« Enfin, nous arrivons jufgu’a la barre, au~ prés‘d’un vicitlard qui s’appuyoit deflvs depuis ° ‘ure. demi-heure , foutenant que rien ne lui avoit encore fait plus de plaifir , & que le peintre avoit fait pour Valentine de Milan , pre{qu’autant que Virgile pour Didon. Minfieur, lui dit une tres aimable daime 8 portée de lui, & qui paroilfoit avoic beaucoup de connoiflances, je cherche comment on s’y eft pris pour produire autant @illufion? Madame, répondit le vicillard, c’eft le fecret du.maitre; je ferois tenté de croire qu'il a déconvert un procédé pour,fe fervir des couleurs du prifme. En effet, reprit-clle, on diroit qu'il a voulu faire le portrait du jowr Iui- © méme, & c’eft 4 sy méprendre. On ne con-' coit pas, ajoute le vieux bonhomme, comment on a fu tirerautant de lumi¢re d'une palette... Tirer de ta lumicre d'une palette ! dit le jeune

| Ariftargue , avec wn ton de pitié & ian haufle-

ment diépaules qui prétcit encore & Vexprefe fion, tirer de la lumicre d’une palette ! — Mais au moins , monfieur , regardez quel tranfparent , gucile donceur, quelle harmonie. — Et fi donc, monfieur , fidonc, madame ; fi donc , mademoi- felle; fi done, petit garcon; je me retire, car en vérite yous me perfuaderiez tous que je ne fuis qu’un fot. — Ah? monficur, e¢pond le vicil~ Tard, il vous eft stirement plus aif de nous convaincre , qu’s nous de vous perfuader. -

t - ANNONCES ET AVIS DIVERS.

Almanach ces Dames, pour Pan 41 (1803), come pofe de diff-rens morceaux, en vers & en profe, de Saint-Lambert, Ducis, J. Delile, Segur sing, Coline d'Harleville , Chenier, Vigce, la Chabeauffieres Meidames Pipelet, Genlis , Jaucourt: avec 7 gravue res pat Fortier, prifes fur tes plus beanx tableaux dw Muféum de Paris. 1 vol. in-16, fur pap. vel. — Periz, gs be., 6! rel. em veau doré fur tranche, 7* co rek en matoquin. — A Paris, chez’ Henrichs , rue de fa

Loi, n° 12313 Levraule, quaiPdolaquaisy & Fucks, - rue des Mathurins, Digitized wGoogle