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Page:Journal de Paris, tome 5, n° 1 - n° 180, 23 septembre 1802 - 21 mars 1803.djvu/789

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meuvent qu'autant qu'ils font poulés ou attirés, & à proportion de la force avec laquelle ils le font. Mais il est pour les hommes & tous les êtres fenfibles, une force puillante, oppolée à celle d'iner'ie, & capable de la vaincre; c'eft celle de l'exemple. Une fociété formée à l'effet d'entreprendre, autant qu'il feroit poflible, tout ce qui tendroit au bien général; qui réuniroit les richeffes aux lemières, feroit à l'abri d'une partie des oblacles ordinaires, & furmonteroit le refte bien plus aiſément que de fimples individus. Les paflions qui s'agitent contre ceux-ci, n'attaqueroient guères un corps puiffant, capable de les re- pouffer, fi elles l'ofoient, & qui, par la con. idération qu'elle infpireroit, les empêcheroit même de naître; elle trouveroit en elle de grands moyens de tout genre, qui manquent an premiers; elle pourroit immédiatement, ou par la médiation de ceux qui s'emprefferoient de communiquer avec elle, faire des recherches, des expériences propres à lui procurer des ren- feignemens & des connoillances de divers genres dont elle auroit befoin; les richeffes, qui aug- menteroient continuellement, lui fourniroient fans cefle de nouveaux fecours; enfin, une fois organifée & mife en mouvement, elle en attireroit de toutes parts, & en outre, il ne feroit plus néceffaire de monter d'autres pa- reilles fociétés & de les faire agir pour chaque nouvelle entreprife, & celle-ci feroit comme une machine hydraulique, qui, une fois conf- truite & mife dans un courant d'eau, ne ceffe d'en donner ou de produire tant qu'on veut, tout autre effet qu'on en attend. Toutes les difficultés fe trouvent donc ré- duites à celle de taffembler les individus qui doivent la compofer & en être comme les pièces. Afin d'y parvenir, j'aurai recours à l'intérêt particulier, comme à un mobile des plus puif- fans & des plus univerfels des hommes; il fuf- fira qu'il foit légitime & honnête. Un temps viendra peut-être où cette fociété fera mue par des fentimens plus généreux; mais avant tout, il faut lui donner l'existence & la faire croître; & c'est là le plus sûr, ou l'unique moyen d'y parvenir. A cette fin, je propoferai une en- 777 à préſent, à une feule, dont j'ai déjà parlé; & j'en réferve les calculs pour une autre lettre. Au furplus, ceux qui voudront s'affocier gra tuitement pour eux, & facrifier leurs dividendes au bien de la chofe, ou au foulagement des pauvres, ne feront point refufés. Comme il s'agira d'une culture en grand, à entreprendre d'abord aux environs de Paris, je prendrai la liberté de faire une question à ceux qui ont connoillance de la valeur des biens qui s'y trouvent. Voici cette queftion: Quelles font les différentes valeurs moyennes d'un hectare un peu moins de trois petits arpens) de terre, fans bâtiment ni plantation quel- conque, dans divers endroits, depuis les ter- rains qui bordent l'enceinte de Paris, en de- dans & en dehors, jusqu'à un myriamètre (a lieues un quart) de ceue enceinte Ce n'eft pas que mes calculs aient abfolument befoin de cet éclairciffement; car je fuis sur d'avoir tou- jours des réſultats très-avantageux, en faiſant des fuppofitions qui foient des pis aller, mais il eft bon de faire le moins de fuppofitions qu'il fe peut. D'ailleurs, la réponſe à ma quef- tion feroit utile à bien des perfonnes qui vou- droient faire des acquifitions de terrains près de la capitale. Enfin ce feroit-là un petit frag- ment de la ftatiftique de Paris & de les en- viron:; ftatiftique importante s'il y en a, & dont il feroit temps de s'occuper. Salut & confidération, CAVAILHON.


LETTRE D’UNE MÈRE À SA FILLE.
Dijon, ce……


Vous avez fait un roman, ma chère fille ; on l’imprime, on le vante déjà, il paroitra dans huit jours ; & vous m’apprenez tout cela sans frémir ! vous êtes donc bien changée depuis votre mariage ? vous que j’ai vue si effrayée à la seule idée d’une femme qui s’exposeroit au jugement du public ! & qui ne cessiez de me répéter ces charmans vers de Mme Deshoullières :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

» Un esprit de malignité
„ Dans le monde a su se répandre ;
„ On achète un bon livre afin de s’en moquer.
„ C’est des plus longs travaux le fruit qu’il faut attendre
„ Personne ne lit pour apprendre,
„ On ne lit que pour critiquer. »

Eh bien ! croyez-vous que cela foit moins vrai aujourd’hui que dans ce temps-là ? & que le monde soit devenu meilleur ? Non, non, mon Eugénie, tout ce qui vous entoure vous